Montivilliers a été fondée sur un territoire qui connaissait déjà la présence de l’Homme depuis la Préhistoire. La Pierre Grise, sur les terres d’Epaville, est ce qui reste d’un ancien dolmen. Il est le seul reste de ce type en Seine-Maritime. Des fouilles archéologiques ont révélé d’important gisements néolithiques et nombreux sont les objets protohistoriques qui ont été retrouvés dans les sols montivillons. Cependant, ses origines remontent au VIIème siècle, quand Saint Philibert fait bâtir, sur une terre occupée par quelques fermes isolées et une importante rivière, un monastère de femmes bénédictines. De cette abbaye naît le nom de la ville : « moustier villare » c’est-à-dire « le hameau du monastère » qui donna par la suite « Montivilliers ».
Le blason de la ville rappelle ses origines : au-dessus d’un Lézard – rappelant la rivière – se dresse l’abbaye dont la crosse évoque le pouvoir de l’abbesse.
À partir du début du IXème siècle, les invasions vikings commencent. Sans défense et cachant des trésors, elles étaient des cibles faciles. Montivilliers fait partie des abbayes normandes pillées, détruites et brûlées.
Au XIème siècle, une fois la paix retrouvée, Robert le Magnifique, duc de Normandie, décide de redresser la florissante abbaye d’autrefois. Les siècles passent, la ville s’agrandit. Les villageois sont de plus en plus nombreux à s’installer, séduits par l’ampleur du commerce et des affaires. Montivilliers est une ville médiévale incontournable de Normandie. Jean sans Terre en fait une commune en 1202.
La guerre de Cent Ans contre les Anglais trouble néanmoins cet épanouissement et ralentit l’expansion de la ville. La population montivillonne souffre des sièges répétés, des disettes mais aussi des épidémies, notamment de peste. De cette époque ont été conservés des éléments de fortification : certains murs et tourelles sont encore debout malgré le démantèlement progressif des pierres lors de la Révolution. Le déclin de la ville est également amorcé avec la création du Havre de Grâce en 1517 car le port nouveau concentre la majorité des affaires commerciales.
La ville connaît un certain renouveau économique mais n’atteint pas le niveau qu’elle a connu dans le passé. Le XXème siècle et ses guerres épargnent Montivilliers qui est relativement peu touchée. Aujourd’hui, la ville compte plus de 16 000 habitants.
L’abbaye
L’abbaye est fondée en 684 par saint Philibert. Ruinée par le passage des Vikings à partir du IXème siècle, elle est à nouveau bâtie sous le règne de Robert le Magnifique au XIème siècle : non seulement les murs des bâtiments conventuels se relèvent, mais elle acquiert un pouvoir seigneurial très important sur 16 paroisses entourant Montivilliers. En effet, la Charte d’Exemption de 1035 lui confère une autorité exceptionnelle. En 1792, face aux révolutionnaires, les moniales fuient : les bâtiments conventuels sont dispersés et deviennent civils. Une brasserie de bière, une manufacture de coton, des logements ou garages sont créés dans l’enceinte de l’ancien monastère dont le passé tombe dans l’oubli.
L’abbesse la plus charismatique de l’histoire de l’abbaye de Montivilliers est certainement Louise de l’Hospital. Nommée en 1596, son œuvre sociale, religieuse et administrative ont largement contribué à l’enrichissement de l’Abbaye et à la prospérité de la ville.
Elle est notamment à l’origine de la construction des hallettes, échoppes dans lesquelles s’installaient les marchands en échange d’une taxe au monastère.
Après une prise de conscience de la ville, les bâtiments sont rachetés les uns après les autres et une restauration des bâtiments qui ont survécu au temps est lancée à partir de 1989. L’ancien logis de l’abbesse devient la bibliothèque municipale en 1997 tandis que les réfectoires du XIIIème siècle, les dortoirs des XIIIème et XVIème siècles, la salle capitulaire du XIème siècle et le cloître restitué selon un dessin du XVIIème siècle deviennent un site historique et touristique après 11 ans de restauration. L’ensemble monastique est classé Monument historique en 1992.
L’église abbatiale
Montivilliers comprenait jadis trois églises : Sainte-Croix et Saint Germain qui étaient paroissiales et Notre-Dame qui était abbatiale et fut construite dans le plus pur style normand entre 1080 et 1120. En effet, arcs en plein-cintre et décors géométriques caractérisent la construction. Les deux premières églises citées ont disparu tandis que la seconde a été divisée en deux sur ordre de l’abbesse Marguerite de Sargines au XIIIème siècle : un mur avait été dressé au niveau du transept entre le chœur gardé par les moniales et la nef laissée aux paroissiens. Cette nef fut placée sous le vocable de Saint-Sauveur. Cependant, au XVème siècle, la nef n’est plus assez conséquente pour recevoir des paroissiens de plus en plus nombreux à venir assister aux cérémonies. On abat le bas-côté nord afin de créer une seconde nef, gothique cette fois, portée par de hauts piliers et des croisées d’ogives, ornée d’arcs brisés et de chimères. Aujourd’hui, l’église présente aux yeux du visiteur les deux styles architecturaux majeurs du Moyen-Age.
Dans le transept sud de l’église, vous remarquerez un arc sculpté du XIème siècle. Enigmatique, l’intégralité de son sens est encore méconnue. Cet arc présente deux bandeaux : celui-ci du dessus semble évoquer des scènes bibliques tandis que celui du dessous est illustré d’animaux fantastiques..
L’hôtel-Dieu
Au XIIIème siècle, une abbesse de Montivilliers – Marguerite de Sargines – décide de fonder un hôtel-Dieu : là sont accueillis malades, indigents mais aussi pèlerins. En signe de soutien, le roi Louis IX dote l’hôtel-Dieu d’une forêt (Les Ardennes Saint Louis) et de terres à cultiver pour y produire de la nourriture à donner aux patients. Le bâtiment originel – qui comportait une chapelle, des dortoirs, une infirmerie et une cuisine – étant trop vétuste, on le reconstruit en 1644 en pierre de taille et silex noir. Ayant sa fonction d’hospice jusqu’en 1924, il est aujourd’hui la Maison des arts de Montivilliers.
L’aître de Brisgaret
C’est en 1477 qu’il est fait mention de l’aître de Brisgaret pour la première fois. En effet, au XVème siècle, l’augmentation de la population, les épidémies et la construction de la nouvelle nef gothique de l’église sur le cimetière ancien ont mené les paroissiens à mettre en place un cimetière plus grand. Ceux-ci choisissent de l’implanter en dehors des remparts, de sorte à éloigner les miasmes des maladies et les odeurs pestilentielles du centre-ville. L’aître devait être construit comme on en avait l’habitude à la fin du Moyen Age :
quatre galeries de chêne devaient entourer le charnier de la même manière qu’un cloître. Cependant, son cloître n’a jamais été terminé, un seul pan de galerie ayant été construit. Comme il était de coutume à l’époque, le charnier recevait les cadavres dans l’attente de leur décharnement et la galerie comportait à l’étage un ossuaire dans lequel étaient conservés les ossements déterrés de sorte à libérer de la place en terre pour les futurs défunts. La galerie est sculptée ça et là d’éléments macabres, d’instruments de la Passion et de saints guérisseurs. L’aître comportait aussi une chapelle qui existe toujours et qui est sous le patronage de saint Lazare. A l’intérieur, un retable en gypserie sculptée illustre la résurrection de Lazare. Il a été réalisé par Pierre Larbitre en 1603. Un calvaire monumental – dit croix gothique – vient compléter les lieux : restauré quatre fois, il trouve son origine au XVIème siècle. Très rare en France, l’aître a été classé au titre des Monuments historiques en 1886 et restauré en 2013-2014.
Le mur intérieur de la galerie présente un décor du XVIème siècle tout à fait unique par sa facture. Il s’agit d’un Triomphe de la Mort : un squelette – allégorie de la mort – est monté sur un char tiré par des bœufs, il écrase des vivants de tous âges et de toutes conditions. Accolé à cette scène, le Christ est représenté en gloire et montré comme le symbole de la Résurrection.
Le calvaire
Le calvaire, fondu dans un nid de verdure, donne sur l’ensemble de la ville et offre un panorama extraordinaire d’où le spectateur peut observer les quartiers anciens de Montivilliers, mais aussi les quartiers périphériques qui se sont installés au XXème siècle. Il avait été érigé par la paroisse Sainte Croix pour rendre hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale tout en remerciant Dieu d’avoir protégé la ville des bombardements. Sculpté par Adam en 1946, il présente un Christ de douleur, dont les mains évoquent la souffrance de la crucifixion.
La Lézarde et ses moulins
La rivière, nommée la Lézarde certainement parce qu’elle trace un chemin tel qu’il est dessiné par le lézard quand il se déplace, est la raison pour laquelle l’abbaye a été fondée sur ses terres actuelles : l’eau permettait l’irrigation des champs et le fonctionnement des moulins. La rivière était en ces temps bien plus large et profonde, de sorte que les bateaux pouvaient y naviguer, et un port de commerce avait été fondé à l’entrée de la ville. Ne comportant originellement qu’un seul bras, on en détourna un second afin d’accroître la production faite à la force de l’eau dans les moulins dont la production fit la richesse des marchands de Montivilliers. La ville avait pour spécialité le travail du cuir et le tissage. Ainsi, outre les moulins à blé, les moulins à tan, mégissiers et tisserands occupaient le cours de la rivière, faisant la richesse de la ville et de l’abbaye. Les «écarlates», draps de couleur rouge vif, étaient fort réputés et vendus en Europe, faisant la célébrité de la ville.
Les hallettes et les maisons médiévales
Les hallettes, petites boutiques dont l’étal est ouvert sur la rue, témoignent de ce dynamisme commercial de la ville : contre un loyer versé à l’abbaye, les commerçants s’installent dans ces échoppes afin d’y vendre les produits de leur fabrication. Montivilliers possède encore de jolies maisons à pans de bois dont la plupart datent du XVIème siècle. Le centre urbain est occupé par des maisons de ville construites sur plusieurs étages dont certains sont à encorbellements. En périphérie du centre médiéval de la ville, les maisons sont seulement à deux étages et plus vastes, caractéristiques des maisons bourgeoises de la fin du Moyen-Age. C’est le cas par exemple du Vieux Logis bâti en pierre, silex, brique et pans de bois sur les hauteurs.
La maison considérée comme la plus ancienne de Montivilliers repose sur un tronc d’arbre qui assure la stabilité de sa structure.
La Lézarde et ses moulins
La rivière, nommée la Lézarde certainement parce qu’elle trace un chemin tel qu’il est dessiné par le lézard quand il se déplace, est la raison pour laquelle l’abbaye a été fondée sur ses terres actuelles : l’eau permettait l’irrigation des champs et le fonctionnement des moulins. La rivière était en ces temps bien plus large et profonde, de sorte que les bateaux pouvaient y naviguer, et un port de commerce avait été fondé à l’entrée de la ville. Ne comportant originellement qu’un seul bras, on en détourna un second afin d’accroître la production faite à la force de l’eau dans les moulins dont la production fit la richesse des marchands de Montivilliers. La ville avait pour spécialité le travail du cuir et le tissage. Ainsi, outre les moulins à blé, les moulins à tan, mégissiers et tisserands occupaient le cours de la rivière, faisant la richesse de la ville et de l’abbaye. Les «écarlates», draps de couleur rouge vif, étaient fort réputés et vendus en Europe, faisant la célébrité de la ville.
Les manoirs
Avant la reconstruction de l’Abbaye au XIème siècle, Montivilliers constituait un important fief seigneurial qui appartenait à la famille des Giffard. Ceux-ci se réservent un domaine et distribuent à leurs vassaux des mottes féodales et châteaux fortifiés. Le Moyen Age passant et se terminant, cette noblesse d’épée est remplacée par une bourgeoisie anoblie qui fait construire des manoirs à la place des mottes féodales. Montivilliers compte deux manoirs : tout d’abord celui de Réauté qui date du XVIème siècle et qui doit son nom à une famille anoblie par Henri IV. De pierre et silex, il présente également des pans de bois, caractéristiques de l’architecture cauchoise de cette période. Les terres d’Epaville, également sur le territoire de Montivilliers, présente aussi un manoir, dit « manoir d’Epaville ». Construit également au XVIème siècle, ce manoir constituait la résidence secondaire d’une riche famille de notables montivillons, les Le Post, dont l’un des membres sert Richelieu et deux autres sont au service de Mazarin. Le domaine comprend également un colombier octogonal de pierre, brique rouge et ardoise dont le style diffère de celui du manoir construit de pierre blanche et silex noir. Cette différence de construction est certainement dû à un remaniement en 1751. Dans la seconde moitié du XVIème siècle, le domaine est acquis par l’Abbaye de Montivilliers et entre dans sa réserve foncière.
La salle Michel Vallery
Terminée de construire en 1898, la salle des fêtes a pour vocation, dès son origine, d’accueillir les manifestations culturelles de la ville, notamment musicales. La façade en brique – comme le reste de l’édifice – rappelle ces réjouissances instrumentales : elle est ornée de médaillons représentant des instruments de musique accompagnés de branches de laurier. Après un incendie survenu en 2011, la salle des fêtes a été restaurée et reconstruite. Elle a même changé de nom et s’appelle maintenant la Salle Michel Vallery.
L’Hôtel de ville
Achevé en 1911, la mairie – de silex, brique et pierre – a été conçue par Cargil, architecte havrais. Il choisit de la construire dans un goût de XVIème siècle pour que le bâtiment convienne à l’allure gothique de l’église paroissiale. Cela donne à la façade une élégance particulière : losanges de brique rose et de silex noir rehaussent des chaînages de pierre. Le style de l’Hôtel de Ville rappelle l’esthétique de manoirs locaux construits à la même époque..
Le chemin de fond de Vallée
Aménagé dans les années 2000, le fond de Vallée fait la part belle à la nature et ses spécificités locales. De la composition végétale à la vie animale, en passant par les différents éléments qui font un fond de vallée comme une roselière par exemple, le parcours dévoile les trésors naturels liés à la Lézarde. Cette zone protégée a accueilli deux bœufs écossais qui y paissent sereinement.