Rolleville tient son nom d’une association de deux termes : « Rolle » viendrait d’un homme germanique appelé « Roric » ou bien d’un chef viking nommé « Rollon » (les chefs des peuplades du Nord portaient souvent le nom de « Roll ») tandis que « villa » signifie domaine. La traduction de « Rolleville » signifie donc « le domaine de Roric ou de Rollon». Le village s’est installé sur des terres déjà occupées dès le néolithique comme l’attestent les fouilles archéologiques faites sur place. Des vestiges gallo romains indiquent qu’une communauté sédentaire était présente pendant l’Antiquité. Il est fait mention de Rolleville pour la première fois au XIème siècle dans une charte de Robert II. Pendant le Moyen Age, Rolleville est un village calme – bien que la guerre de Cent Ans ait entraîné des périodes de misère et de ruines. Il concentre ses activités sur la rivière qui coule sur son domaine, la Lézarde. Celle-ci est propice à l’installation de moulins qui assure son enrichissement bien que l’abbaye de Montivilliers en ait le contrôle : en effet, Rolleville se trouve sous la juridiction de l’abbesse qui a rôle de seigneur sur ces terres. Ainsi, le monastère a des droits sur les six moulins de la commune qui sont pour la plupart des moulins à grain pour en faire de la farine, mais aussi sur les terres. Il prélève l’impôt appelé la dîme et fait même construire un manoir sur les terres rollevillaises, appelé aujourd’hui « le manoir des abbesses ». Le manoir date de la fin du XVIème siècle. De pierres et silex noirs,
il constitue une maison de campagne pour l’abbesse Guillemette de La Platière dont les armoiries apparaissent sur l’un des vitraux de l’édifice. Au-dessus de la porte d’entrée, la date de 1576 est gravée, accompagnée d’une coquille Saint-Jacques. Le manoir est accompagné d’un colombier cylindrique élevé en 1584 et de la même facture que l’édifice : il est construit de pierres blanches et silex noirs. L’ensemble du domaine sera vendu comme bien national à la Révolution.
Rolleville comprend un moulin du XVIIème siècle appelé le Moulin de Baude. Son nom, hérité de « moulin de baödes » signifiait en ancien cauchois « le Moulin des braves ».
Outre ce manoir, le village est doté d’un patrimoine très riche, à commencer par son église vouée à Saint-Hilaire. Celle-ci remonte au XIème siècle et est remarquable pour son portail. En effet, issu de l’art roman, il est en plein-cintre et présente de curieuses sculptures. Les deux rouleaux qui le composent sont tout à fait typiques de l’art roman normand, tout comme les figures géométriques et les stries verticales qui le composent. Cependant, plus rares sont les étoiles sculptées en creux, les masques humains et la tête d’animal représentés en relief sur les chapiteaux de l’entrée. Hormis ce portail ancien, l’église a connu plusieurs transformations et restaurations : sa nef, de style gothique, date du XVIème siècle tandis que son clocher a été construit au XVIIème siècle, certainement lors de la réédification de l’église en 1669. Des anges adorateurs du XIIème siècle en bois fin sont à signaler, de même que des vitraux datant de 1877.
Au XIXème siècle, Rolleville – qui était autrefois un village voué à l’agriculture et à l’artisanat – connaît de nouvelles activités économiques, notamment grâce à la ligne ferroviaire Le Havre-Fécamp.
Au XIXème siècle, Rolleville – qui était autrefois un village voué à l’agriculture et à l’artisanat – connaît de nouvelles activités économiques, notamment grâce à la ligne ferroviaire Le Havre-Fécamp. De plus, la commune attire grâce à ses eaux dites miraculeuses. En effet, ce même siècle voit la construction – sur un lieu de croyance très ancien car les druides y faisaient le culte – d’une fontaine et d’une chapelle de briques rouges dont sainte-Clothilde est la patronne guérisseuse. Le culte de Sainte Clothilde existe au moins depuis 1662. Jusque dans les années 1950, cet endroit connaît une très forte affluence de pèlerins venus dans l’espoir de guérir les maux :
des processions s’y acheminent tous les 4 juin, accompagnées de chants de cantiques et de litanies. Certains se baignent dans l’eau ferrugineuse tandis que d’autres la boivent. La chapelle présente une statue de Sainte Clothilde (épouse de Clovis qui le poussa à se convertir au christianisme) en bois polychrome, elle tient dans sa main une église, symbole de la chrétienté originelle. La tradition raconte qu’au mois d’août un chariot passait dans les rues de Rolleville pour fêter les moissons. Il était décoré de feuilles et de fleurs et transportait les « filles d’août » à l’avant et les hommes à l’arrière, tous également habillés de fleurs et de feuilles.
La « rue bénite » parcourt le centre de Rolleville. Son nom aurait trois origines différentes : elle a pu être caractérisée de « bénite » car les chevaux y étaient amenés chaque année afin d’y être solennellement bénis.
On suppose également que durant les périodes de peste, on aurait béni les maisons qui bordent la rue de manière à repousser le fléau. Une troisième explication serait que l’église primitive de Rolleville aurait été anciennement bâtie à cette place.