Manéglise, du latin « magna ecclesia » signifiant « la grande église », existe au moins depuis le XIème siècle. Son blason présente cette grande église sur fond d’azur. Sous l’édifice sont représentées trois boucles, reprises des armoiries de la famille des Mallet qui régna sur le village sous l’Ancien Régime. Aux coins supérieurs, deux épis de blé rappellent la tradition agricole de la commune tandis que deux léopards rappellent son appartenance normande.
Au XIème siècle, il appartient à la famille seigneuriale des Giffard dont le château se situe à Montivilliers. La paroisse reste un temps liée aux Giffard alors que la famille se déplace à Longueville sur Scie puis elle est sous la protection des moines de Cluny à la fin du XIème siècle. L’histoire de la ville est parcourue de conflits entre le monastère et les familles seigneuriales qui se succèdent (les Mallet, les Vanderest, les Herbouville,…) du Moyen-Age au XVIIème siècle.
Le centre du village se situe au niveau de l’église, légèrement excentrée du bourg et surélevée. Celle-ci, placée sous le vocable de Saint Germain l’Auxerrois, date des XIème et XIIème siècles – peu après la bataille d’Hastings – et est particulièrement bien conservée. En pierres, elle présente une façade du XIIème siècle à mur plat, raidie de deux contreforts plats. Le portail à arc brisé est pourvu de colonnettes ornées de chapiteaux sculptés. Au dessus, deux fenêtres en plein-cintre apportent la lumière à l’intérieur de l’édifice. Cet ensemble témoigne d’une hésitation entre le roman et le gothique, à une période où s’établit la transition. L’église est dotée d’un chœur du XIème siècle à cinq travées auquel a été ajoutée une chapelle au XVIème siècle. Son clocher est d’un roman très classique et proche de ceux de la région : carré, trapu, il est coiffé d’un toit en pyramide couvert de chaume jusqu’au XVIIIème siècle. L’église de Manéglise est l’une des églises romanes majeures conservées en Normandie.
L’église contient une diversité de modillons très riche. Cet élément servant à soutenir une corniche ou un avant-toit est bien souvent sculpté comme c’est le cas à Manéglise. Nombreux sont les « mascarons », ces têtes sculptées dans la pierre qui inspirent parfois la terreur, parfois le rire.
L’intérieur de l’église est très riche : il comprend une collection de chapiteaux en forme de corbeille évasée typiques du XIIème siècle, ils sont ornés d’entrelacs, de godrons, d’oiseaux et d’animaux fantastiques. Plus rares, des peintures murales ont subsisté au temps et lui valent le surnom de « Petit Cluny ». Elles ont été découvertes en 1999 lors de la réfection des murs de l’église et dateraient des Xème ou XIème siècles. L’une des fresques représente le Christ et ses apôtres sur une étendue de 10m² environ, scène avec des personnages relativement rare dans cette région pour l’époque à laquelle elle a été exécutée.
(photo du choeur : Mairie de Manéglise).
Devant l’église se dresse un calvaire du XIVème siècle : il rappelle le cimetière présent autour de l’église jusqu’au début du XXème siècle. Une tombe a subsisté devant l’église, celle de Jean-Baptiste Lechevallier décédé en 1833.
La commune présente aussi un élément patrimonial civil important, le manoir dit « du Crucifix ». Datant du XVIème siècle, ce manoir, dont le toit est couvert de chaume, présente une architecture renaissance cauchoise traditionnelle avec des murs en pierre et silex au rez-de-chaussée sans doute surélevée d’un étage à pan de bois en 1588. Elle est décorée de croix de Saint-André et des chiffres en bois, au-dessus de la porte, dessinent la date de 1588. Cette date n’évoque certainement pas la date de construction mais plutôt de remise en état. Le manoir doit son nom à un paysan voisin qui trouva dans son champ une croix. Un calvaire marque l’endroit de cette découverte faite au… XVIème siècle !
Vous pouvez voir ici un travail historique sur le village fait par les élèves du CM2