La ville de Gonfreville l’Orcher est le fruit de l’union de deux villages : l’ancienne paroisse de Gonfreville et celle de Gournay. Son nom lui vient du bas latin « Villa » signifiant « domaine rural » et d’un nom d’origine saxonne se rapportant à « noble combattant ». « Orcher » du nom normand « auricher » ou « aurecher » rappelle un compagnon du chef viking et premier duc de Normandie, Rollon. Son blason résume les activités de la ville : les épis de blé font référence à l’agriculture tandis que la raffinerie de pétrole – implantée entre les deux guerres mondiales – évoque l’industrialisation. La colombe quant à elle montre l’engagement de la commune pour la paix.
Gonfreville l’Orcher apparaît pour la première fois dans un registre du Parlement de Paris en 1299. Cependant, des fouilles indiquent que le site est déjà habité depuis l’époque gallo-romaine, des hachettes et poteries témoignent de cette présence antique. Au Moyen Age, la ville comprend d’abord le fief d’Orcher, forteresse protégée par des mottes qui défend l’entrée de la Seine. Cette motte en terre argileuse, présente encore des vestiges du fossé qui l’entourait ainsi que des restes de vases du XIIème. Elle devait servir d’avancée protectrice au château d’Orcher installé lors des invasions normandes aux IX et Xème siècles.
Ayant appartenu à Auricher, seigneur viking, il est par la suite pris par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Au XVIIIème siècle, il est acquis par Melle de Melmont qui lui donne sa forme actuelle. Le château est en pierre de taille, brique et silex.
Le second fief était celui de Bévilliers. Le domaine présente aujourd’hui un manoir construit en 1528. De brique, pierre calcaire et silex, il présente une architecture dans le style Renaissance mise au point par l’architecte Louis de Viennens. Sa façade compte des fenêtres à croisillons et conserve les lettres « L » et « I » en référence à Louis et Jeanne de Richebourg qui y résidèrent. Il devient ensuite un lieu de culte protestant dès la fin du XVIème siècle. Il a été classé Monument historique en 1924.
Durant cette période médiévale, une église fut également dressée dans le centre de la ville au XIème siècle, dédiée à Saint Erkonwald. Il ne reste de l’église primitive romane qu’une partie du clocher de forme carrée. Celui-ci présente une flèche de pierre couverte d’ardoise datant du XVIIème et partiellement reconstruite vers 1860, date à laquelle la majeure partie de l’église a été remise en état. Globalement, plusieurs chapelles ont été érigées sur le territoire gonfrevillais : la chapelle Saint-Dignefort au XIIIème siècle et la chapelle de Notre-Dame-des-Bois dont il ne reste que des vestiges en sont deux exemples. La plus remarquable de ces chapelles est celle de Notre-Dame-de-la-Consolation dont la version actuelle date du XVIIème siècle. De brique et de pierre, elle se situe sur les terres appartenant autrefois à Gournay en Caux. Elle dépend longtemps de l’Abbaye de Montivilliers et reçoit ensuite de nombreux pèlerinages – aux XVIIème et XVIIIème siècles. On y recense des guérisons miraculeuses. L’église renferme une statue de la Vierge de 1872, mais aussi des vitraux de l’extrême fin du XIXème siècle.
Du XVème siècle, un colombier se dresse dans la cité commerciale moderne du centre-ville de Gonfreville L’Orcher. Il a donné son nom à la place.
Pendant très longtemps, le village vit d’une agriculture très vivante : la ferme du Pradon datant du XVIIème siècle est l’un témoin de cette époque un peu oubliée. Cette ferme avait la forme d’une clos-masure, elle était donc entourée de talus planté de grands arbres afin de protéger le domaine des vents et des intempéries. Le moulin de Gournay, entraîné par la rivière Saint-Laurent, rappelle également les temps de moisson des blés.
Par la suite, avec le XIXème siècle, la commune s’industrialise : au hameau de Gournay-en-Caux, longtemps placé sous la protection de l’abbaye de Montivilliers, des moulins, corderies et usines sont installées. De même, l’usine Schneider, construite au tout début du XXème siècle, marque le développement de l’industrialisation. C’est à cette époque que les quartiers ouvriers de Mayville et Bassot voient le jour. Ces cités sont caractéristiques des espaces urbains aménagés lors de la révolution industrielle, avec leurs rues perpendiculaires et leurs maisons familiales. La population augmente et double presque avant la Seconde Guerre mondiale.
Pendant la guerre, la ville est occupée par les Allemands. Ces temps de conflit ont profondément marqué l’architecture de la ville et son organisation. En effet, entre 1944 et 1946, des baraquements ont été construits par l’armée américaine pour y loger les troupes allant et revenant d’Allemagne.
Ces camps – qu’on nomme également « camps cigarette » – pouvaient recevoir entre 30000 et 35000 soldats. Il reste encore aujourd’hui des éléments de l’ancien camp Philip Morris, qui fut ensuite transformé en cité d’habitation pour les familles havraises sinistrées après les bombardements.
C’est au camp Philip Morris que l’on doit la réapparition du jazz sur la région havraise.